samedi 8 novembre 2008

mercredi 5 novembre 2008

OBAMA THE GRAET HERO


Barack Obama a surpris en remportant le caucus démocrates de l'Iowa, ce samedi. Mais face à Hillary Clinton, perçue comme trop opportuniste par beaucoup, le jeune sénateur de l'Illinois a-t-il l'étoffe d'un gagnant?

Il en faut beaucoup pour abattre Bill Clinton, ce rescapé souriant de nombreux coups bas politiciens. Mais le jeudi 3 janvier, à l’annonce de la défaite humiliante de sa femme, Hillary, aux premières primaires de l’Iowa, la mine livide et dévastée de l’ex-président américain révélait l’ampleur de la catastrophe.

En regardant chanceler si tôt une candidature réputée inévitable par toute la machine du Parti démocrate, sous les coups d’un charmant nouveau venu de 46 ans nommé Barack Obama, élu en 2004 sénateur de l’Illinois, Bill détectait plus qu’un incident de parcours: une profonde quête de renouveau de l’opinion américaine.


Hillary Clinton: trop opportuniste
Les Clinton connaissent bien le phénomène. Il y a seize ans, en 1992, le jeune gouverneur de l’Arkansas d’alors avait remporté les primaires, puis le pouvoir, aux côtés de Hillary, grâce à un semblable désir de changement. Son mince pedigree ne l’avait pas empêché d’évincer George Bush père, homme d’Etat aguerri. L’histoire se venge. Le jeudi 3 janvier, les électeurs de l’Iowa ont refusé de lui accorder une postérité par le biais de son épouse, perçue comme calculatrice, carriériste et opportuniste.


En début de semaine, avant le vote du New Hampshire, ce mardi, les files d’attente interminables, malgré le froid polaire, à l’entrée des meetings d’Obama semblaient annoncer d’autres camouflets pour Hillary Clinton: une nouvelle défaite cinglante ou, au mieux, un coude à coude dangereux avant les primaires massives du "Super Tuesday", le 5 février.


"Elle a tout misé sur sa capacité à bien gouverner et à provoquer le changement par de judicieuses réformes, souligne Hank Sheinkopf, consultant politique. Mais les Américains, dans les deux partis, aspirent à découvrir de nouveaux visages. Frais et authentiques... " Le soir du scrutin dans l’Iowa, a contrario, Hillary, 60 ans, apparaissait devant les caméras de télévision entourée de son mari et de l’ancienne secrétaire d’Etat de l’ère Clinton, une Madeleine Albright épuisée, sur fond de supporters grisonnants.

Barack Obama: une cure de jouvence politique
Barack Obama, lui, longiligne et félin, gravissait au même moment une autre scène au bras de Michelle, sa ravissante épouse, en robe moulante bleue, précédée de leurs deux jeunes enfants. Un tableau minutieusement campé pour convoquer les mythologies de l’ère Kennedy et promettre une cure de jouvence politique à une nation aussi lasse du cynisme chenu de la Maison-Blanche des Bush que rétive à un "remake" des années Clinton.

Le choc des symboles explique largement le verdict sévère des premières primaires. Dans l’Iowa, seuls les démocrates de plus de 45 ans ont voté en majorité pour la sénatrice de New York. Plus de 85 % des moins de 30 ans ont choisi Obama. Ce raz de marée, accompagné d’une participation record des jeunes adultes, s’explique par le discours et le style d’un candidat capable d’entonner : "Nous allons soigner l’Amérique et changer le monde !"


A lire leurs diatribes sur Internet, les nouveaux électeurs manifestent aussi leur rancœur envers la sénatrice, à laquelle certains reprochent son vote, en 2002, en faveur de l’invasion de l’Irak. Obama, qui n’était à l’époque qu’un élu local de Chicago, a beau jeu d’assurer qu’il n’aurait pas trempé dans ce fiasco s’il avait été au Congrès.

Obama évoque désormais l’héritage de Martin Luther King, dans l’espoir de rallier, lors des prochaines primaires du Sud, un électorat noir toujours nostalgique des Clinton. Mais il ne trahit pas pour autant son credo consensuel, livré pour la première fois en 2004, lors de la convention démocrate de Boston – celui d’une nation ni noire, ni blanche, ni rouge conservateur, ni bleu progressiste, mais qui serait les Etats... Unis d’Amérique. "C’est une idée de génie, assure Sheinkopf. D’abord parce qu’elle reflète le ras-le-bol de la grande majorité des Américains devant le manichéisme de Bush. Ensuite parce qu’elle rappelle, sans le dire, à quel point Hillary Clinton divise, quant à elle, l’opinion."


La sénatrice de New York n’a pourtant pas dit son dernier mot. "La poésie est de mise pendant les campagnes, assure-t-elle. Mais on gouverne en prose." Obama, lui, ne démord pas de son slogan initial : "Le changement en lequel on peut croire."